Monsieur Konimba SIDIBÉ Personnalité politique malien. Sur la création de la monnaie de l’AES: ‘‘c’est une fausse idée de croire que l’or peut garantir la monnaie’’
La question de la création de la monnaie de l’Alliance des États du Sahel continue de dominer les débats. Lors d’une conférence le week-end dernier, l’économiste Konimba SIDIBÉ, a livré son analyse sur la création de la monnaie des pays de l’AES. De l’avis de l’ancien ministre, l’or ne pouvait pas garantir la monnaie et que les dirigeants de l’AES devraient faire comprendre à la population que la création de la monnaie était très compliquée. Pour lui, c’est une fausse idée de croire que l’or peut garantir la monnaie.
«L’or va servir à la couverture, c’est faux de dire qu’on n’a l’or, que l’État malien a de l’or’’, a déclaré l’ancien ministre Konimba SIDIBÉ, tout en précisant que l’or appartenait aux sociétés qui l’exploitent.
« Le Mali a sa part dedans à travers les impôts, à partir du capital qu’il détient, mais croire que la totalité de la production d’or du Mali nous appartient, qu’on pourra s’en servir pour garantir notre monnaie est archi faux », a expliqué Konimba SIDIBÉ.
Comme preuve, il a indiqué qu’il n’y a pas un seul pays au monde capable de garantir la conversion de sa monnaie à travers l’or.
L’économiste a rappelé le cas des États-Unis qui, en 1945, détenaient la moitié des réserves d’or du monde.
Selon lui, en 1971 les USA ont été incapables d’assurer la ‘’convertibilité’’ du dollar en or.
« Ils ont fait une conférence pour dire que c’est terminé, les États-Unis ne convertiront plus le dollar en or à votre demande par qu’ils n’ont pas les moyens », a-t-il rappelé.
Pour Konimba SIDIBÉ, cela doit servir de leçon aux pays de l’AES que ce n’est pas l’or qui va garantir la monnaie, mais la confiance en l’économie, la confiance en la gouvernance, la qualité de la gouvernance, la qualité de l’économie, la solidité de l’économie.
« C’est une fausse idée de croire que l’or peut garantir la monnaie »’’, a tranché M. SIDIBÉ, avant de préciser qu’il n’était pas contre la souveraineté monétaire, et que nous devons créer notre monnaie, mais pas sur la base de la propagande.
«Dites aux Maliens que c’est quelque chose très compliquée et qu’il vaut mieux le faire avec les autres, et essentiellement dans le cadre de la CEDEAO», a recommandé l’économiste malien.
En effet, la création d’une monnaie en lieu et place du F CFA est un projet phare des pays de l’AES.
L’on se rappelle que dans une interview accordée à la Radiotélévision nigérienne, il y a quelques semaines, le Président de la transition du Niger, Abdourahamane TIANI, a abordé plusieurs sujets d’actualité dont la création d’une monnaie pour l’Alliance des États du Sahel (AES).
Abordant la question de la monnaie, le Chef de l’Etat du Niger avait déclaré que cela était un signe de souveraineté.
En tout cas, plusieurs actes ont été déjà posés dans ce sens et les populations des pays membres de l’AES ont actuellement les yeux rivés vers la création d’une nouvelle monnaie.
Les dirigeants des trois pays de l’AES ne cachent pas leur intention à abandonner le franc CFA pour leur « souveraineté totale »
Dans son interview, le général Abdourahamane TIANI a affirmé que l’Alliance des États du Sahel travaillait sur une monnaie commune, et pourrait donc quitter l’UEMOA à terme.
Donc, après leur départ de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Mali, le Burkina Faso et le Niger pourraient bientôt quitter l’UEMOA et abandonner le franc CFA.
En référence à la monnaie commune et à la France, ex-puissance coloniale, le général Abourahamane TIANI avait déclaré que « la monnaie est une étape de sortie de cette colonisation », avant d’ajouter que les pays de l’Alliance des États du Sahel « ont des experts».
« La monnaie, c’est un signe de souveraineté », a poursuivi le Général TIANI, et les États de l’AES sont « engagés dans un processus de recouvrement de leur souveraineté totale ». Il a rassuré qu’«il n’est plus question que nos États soient la vache à lait de la France ».
Le dirigeant nigérien n’a pas donné de précisions sur la possible mise en circulation d’une future monnaie. Celle-ci pourrait, au sein de l’AES, remplacer le franc CFA, aujourd’hui commun aux huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont le Niger, le Burkina Faso et le Mali font partie.
C’est dire qu’avant de concrétiser le projet de création d’une nouvelle monnaie, les dirigeants de l’AES devraient murement réfléchir en écoutant plusieurs experts en économie. Les arguments que fourniront les experts permettront à l’AES de prendre une décision responsable.
Partager : Date : 06 mars 2024 à 17:26 PAR MODIBO KONÉ
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