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Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon peuvent-ils devenir Premier ministre ?

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Spécial Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon peuvent-ils devenir Premier ministre ?

Emmanuel Macron tout juste réélu, ses principaux adversaires souhaitent déjà prendre leur revanche aux élections législatives. Mais à quoi ressemblerait une cohabitation avec Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre ? Éléments de réponse.

"Je demande aux Français de m'élire Premier Ministre." Jean-Luc Mélenchon n'a même pas attendu le second tour de l'élection présidentielle pour repasser à l'offensive. Son rêve ? Voir "le bloc populaire" tout rafler aux législatives lui permettant d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale et de contraindre le Président Macron à une cohabitation.

Et même si leurs responsables ne sont pas allés aussi loin que leur homologue des Insoumis, du côté du Rassemblement national aussi tout le monde voit les législatives comme un véritable "troisième tour" de la présidentielle. 

"Le Premier ministre doit avoir la confiance du Parlement" Si elle paraît pour l'heure peu probable, une éventuelle cohabitation pourrait être très houleuse. Comme l'indique à France Info le professeur de droit public à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Dominique Rousseau, Emmanuel Macron n'aurait aucun moyen d'imposer son choix pour la nomination du Premier Ministre. 

"L'article 49 de la Constitution précise que le Premier ministre doit avoir la confiance du Parlement. S'il (Emmanuel Macron) nommait Richard Ferrand, par exemple, ce dernier serait immédiatement renversé par l'Assemblée nationale", via une motion de censure. 

La seule arme présidentielle resterait dans ce cas-là la dissolution de l'Assemblée nationale en espérant que l'issue du nouveau vote lui soit plus favorable. Mais en cas de nouvel échec, "il serait obligé de s'y soumettre ou de se démettre", résume Dominique Rousseau.

Dans l'histoire de la Ve République, la France a connu trois cohabitations : François Mitterrand (PS) avec Jacques Chirac (RPR) de 1986 à 1988 puis François Mitterrand (PS) avec Édouard Balladur (RPR) de 1993 à 1995, et enfin Jacques Chirac (RPR) avec Lionel Jospin (PS) entre 1997 et 2002.

Un président plus effacé aux décisions "court-circuitées" Dans ces cas-là, "le président de la République joue un rôle moins important, plus effacé que lorsqu'il a une majorité parlementaire derrière lui", ont résumé nos confrères de RTL dans un article consacré au sujet. "Le chef de l'État pourrait ainsi voir une partie de ses décisions court-circuitées par son gouvernement."

Ainsi, avec Lionel Jospin à Matignon, Jacques Chirac n'avait pu éviter la mise en place des 35 heures ou de la Couverture maladie universelle (CMU). Car le Président ne peut pas empêcher le gouvernement de gouverner. S'il refusait de promulguer les lois votées, "il pourrait faire l'objet d'une procédure de destitution, pour manquement grave à sa charge", estime Dominique Rousseau.

Pour Emmanuel Macron, la menace semble malgré tout assez lointaine : depuis la mise en place du quinquennat et la programmation des élections législatives dans la foulée de la présidentielle, jamais un Président élu n'a été mis en minorité à l'Assemblée nationale. 

BORIS BOUTET suivre ce journaliste

https://www.midilibre.fr/2022/04/26/lp> Publié le 27/04/2022 à 06:01

Dernière modification lemercredi, 27 avril 2022 12:03