Depuis l’éclatement de cette affaire, je me suis gardé d’intervenir, malgré les appels pressants de milliers d’Ivoiriens qui me font l’honneur d’attendre mes publications pour se faire leur propre opinion sur des questions d’intérêt public. Je constate, avec beaucoup de déception, que les uns et les autres ont réagi en fonction de leurs affinités politiques.
Je voudrais juste convier ceux qui s’expriment sur cette affaire à rester focus sur les seules certitudes que nous avons à ce niveau d’information : 1- une personnalité publique a peut-être été, injustement, accusée de viol ; 2- une dame victime de viol est probablement abusivement présentée comme une vulgaire criminelle à la base d’une tentative d’extorsion de fonds par le chantage.
Ce sont-là les seules certitudes que nous avons à ce jour. Éventuellement, un procès pourrait nous édifier. Et même après le procès, nous risquons de ne pas être plus avancés.
Correspondant de la BBC en Afrique du Sud, j’avais couvert le procès de Jacob Zuma, accusé de viol sur une amie de sa fille. Après plusieurs mois d’un procès qui avait tenu tout le pays en haleine, la Cour avait conclu à l’impossibilité d’établir, « sans risque de se tromper » ce qui s’est réellement passé cette nuit-là dans la résidence de M. Zuma. Celui qui, quelques mois plus tard, allait devenir président de la république fut donc acquitté, sans qu’on ait pu élucider le mystère du présumé viol.
Par Said Penda officiel
Tiemoko Antoine Assale Officiel
Le viol est un crime, en Côte d'Ivoire. Depuis quelques jours, une accusation de viol portée contre le ministre de la réconciliation nationale, KKB, fait grand bruit dans le pays. Selon toute vraisemblance, l'accusatrice et l'accusé, pour des raisons différentes, ont saisi la justice.
Dans ce genre d'affaire, il faut toujours prendre le temps d'avoir des éléments d'appréciation objectifs avant de se prononcer. Cependant la première attitude à avoir quand on parle de viol, est d'apporter son soutien à la présumée victime tout en précisant que dans notre pays, la présomption d'innocence est un principe constitutionnel et que le ministre, en aucune manière, ne saurait, avant une décision de justice, être traitée comme un coupable et donc vouée aux gémonies du simple fait d'une accusation non encore validée par la justice.
Il faut espérer que la justice saisie par les deux parties, fasse éclater la vérité, sans pression de quelque nature que ce soit. Cela dit, je voudrais faire noter par ceux qui se demandent pourquoi la présumée victime a attendu 5 mois avant de dénoncer ce dont elle aurait été victime, qu'en Côte d'Ivoire, le viol est un crime et un crime se prescrit dans notre pays, au bout de dix années.
Par conséquent, si une présumée victime a la preuve du viol, la loi lui donne un délai de dix ans pour porter plainte. Sachons donc raison garder, de tous les côtés.
Sur cette affaire du ministre KKB, je conseille donc la plus grande prudence. Évitons toute forme d’emballement et sachons raison garder. Surtout, faisons confiance à la nouvelle justice ivoirienne sous le président Ouattara, dont la totale indépendance est désormais une réalité. J’en veux pour preuve les nombreuses décisions de justice, dans des domaines aussi sensibles que les contentieux électoraux, qui ont souvent été rendues contre des candidats proches du pouvoir, parmi lesquels des dignitaires du régime.
Si la jeune dame a bien été violée, le ministre de la réconciliation nationale ne sera pas épargné par la justice du fait de sa qualité. Mais KKB ne sera pas non-plus condamné juste pour assouvir au fantasme collectif des opinions publiques qui s’extasient de voir tomber les puissants.
ASSALE TIEMOKO ANTOINE DÉPUTÉ DE LA NATION.
Tiemoko Antoine Assale Officiel