Dans une interview accordée à RFI et France 24, le colonel Mamady Doumbouya, président de la République de Guinée, explique les raisons qui l’ont poussé à faire le putsch du 05 septembre 2021.
"Ma vie entière je la donnerai à ce peuple-là, qui mérite ça. Et si on a décidé le 5 septembre d’aller à la mort, c’est parce qu’on avait vu l’état de notre pays.
RFI · [vidéo] Mamadi Doumbouya, le président de la transition de Guinée, accorde son premier entretien post-coup d’Etat à un média international. Il revient notamment sur les récentes sanctions de la CEDEAO et sur le sort de son prédécesseur Alpha Condé...
Selon les dires du soldat, il y avait depuis plusieurs années des « dysfonctionnements dans (les institutions du pays), des dysfonctionnements liés souvent à la tension sociopolitique et les guinéens ne se regardaient plus comme des frères. Ils se regardaient comme des adversaires politiques ». A cela s’est ajoutée la gabegie financière, selon ses dires.
C’est ce cocktail qui a poussé Mamady Doumbouya et ses hommes à « prendre leurs responsabilités ». Une responsabilité qui du point de vue du soldat est grande, parce qu’il est important que les guinéens « commencent par s’aimer ». Ce qui n’était plus le cas d’après lui. Quand on lui oppose sa redevabilité à l’ancien chef de l’Etat, pour l’avoir nommé à la tête des forces spéciales guinéennes, il explique que sa mission n’était pas de servir un homme mais la République. « La loyauté entre le pays et un homme, le choix est vite fait. J’étais venu servir la République de Guinée » , a-t-il clairement fait savoir. De plus, ce n’est pas Alpha Condé qui l’a fait revenir au pays.
« Ça fait plus de 10 ans que j’ai décidé de laisser l’occident pour venir servir mon pays. J’ai décidé tout seul de venir en Guinée » a-t-il déclaré, écartant toute proximité avec Alpha Condé qu’il dit n’avoir vu que deux fois. En ce qui concerne le sort de ce dernier, en résidence surveillée depuis le putsch, il pense qu’on devrait laisser la justice faire son travail. « Je suis président de la transition et non ministre de la justice. La justice guinéenne aura toute son indépendance, tout mon accompagnement pour que ce peuple assoiffé de justice puisse vraiment se retrouver » a t-il déclaré.
En ce qui concerne la durée de la transition, il pense que c’est au Conseil national de transition (Cnt) de le décider. Un conseil qui d’après lui renferme toutes les composantes de la société guinéenne. Voici les morceaux choisis de cet entretien à coeur ouvert avec notre confrère Alain Foka.
« J’ai décidé que les guinéens puissent prendre leur destin en main…
Il faut qu’on soit en cohérence avec ce qu’on dit. Nous avons dit qu’on donne le pouvoir au peuple de Guinée, parce que nous voulons mettre en place un système qui pourra résister aux tentations des hommes. Et pour se faire, nous laisserons au peuple de Guinée où le CNT aura toutes les composantes…
Le Conseil national de la transition. Il y aura toutes les composantes de la nation qui seront représentées au CNT. Le CNT pour nous est l’organe législatif qui pourra décider du chronogramme, c’est-à-dire faire le point, le diagnostic, à savoir les problèmes qu’on a, et comment trouver des remèdes à ces problèmes-là… parce que les problèmes sont connus, c’est la personnalisation de la chose publique. Nous êtres humains nous allons tous disparaître, mais c’est le système qui restera, c’est le pays qui va rester. D’où le CNT a pour mission de réécrire le texte, c’est-à-dire la Constitution. Une nouvelle Constitution, ça ne se sera plus une Constitution copiée-collée du pays. Nous allons mettre à plat tous nos problèmes et réécrire une Constitution adaptée aux problèmes de la Guinée pour trouver toutes les solutions nécessaires pour l’émergence de notre pays. ===== Je pense que j’ai été clair, et je vais l’être aujourd’hui encore avec vous : ni moi ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit. Nous allons mener la transition à bon port avec tous les Guinéens.
Nous allons partir de la base au sommet par les communales, après les législatives, la présidentielle pour permettre au président qui viendra après ne soit pas là à vouloir s’éterniser, car le peuple n’acceptera plus jamais qu’on personnalise la chose publique. Donc, pour moi, la durée de la transition doit être définie. Le chronogramme de la transition doit l’être aussi par l’organe législatif…
En tant que soldat, nous tenons beaucoup à la parole donnée. Et en même temps, nous avons fait un état des lieux de toutes les expériences qui n’ont pas marché dans notre pays. Et nous ne voulons vraiment pas faire les erreurs du passé. C’est pourquoi nous sommes déterminés là-dessus à ce que les choses soient inclusives, le calendrier, le chronogramme, le délai de la transition. Je ne peux pas vouloir dire au peuple de Guinée que je lui donne sa liberté par la voix de tout ce qui est organe législatif et en même temps imposer un délai au peuple de Guinée. Si vous avez un remède de deux semaines pour régler les problèmes guinéens, je pense que ce sera la meilleure chose pour nous, parce que quand on voit l’état de nos populations, quand on voit l’état de nos routes, l’état de nos hôpitaux, je pense qu’après 63 ans, nous avons besoin d’un bon coup de réveil pour prendre en main notre destin et de laisser les choses correctement.
Ma vie entière je la donnerai à ce peuple-là, qui mérite ça. Et si on a décidé le 5 septembre d’aller à la mort, c’est parce qu’on avait vu l’état de notre pays.
Et nous avons pensé tous ensemble qu’il fallait sauver le pays en donnant notre vie. Et je pense que c’est notre devoir en tant que soldat, en tant que patriote, de se battre et d’aller à la mort encore une fois que ça soit sur le plan politique ou physique pour sauver le pays, pour sauver la patrie, et pour sauver les Guinéens en leur donnant l’espoir bien sûr et en changeant leurs conditions de vie parce que, après 63 ans, après tout ce qu’on a en Guinée comme économie, comme mines, comme tout ce qui va avec…Comme richesses si j’ose dire, je pense que ce peuple mérite mieux que l’état dans lequel nos aînés l’avaient mis.
J’ai fait don de moi, cela fait des années que je n’ai pas pu sortir de la Guinée. Je suis en Guinée, je me sens mieux en Guinée que n’importe où. Je n’ai pas besoin de voyager. Ce dont j’ai juste besoin maintenant, c’est de me concentrer en Guinée sur nos problèmes, pouvoir trouver des solutions à nos problèmes. Et en ce qui concerne les avoirs, nous les membres du CNRD, nous n’avons rien à gérer. Donc, ça pour moi, ce sont juste des principes. Mais à savoir s’il y avait quelque chose à gérer, vous pouvez chercher. Vous ne trouverez pas. Maintenant, nous faisons tout quand même pour arrêter l’hémorragie dans notre pays. Et depuis notre arrivée, nous avons essayé de fermer tous les robinets, parce que, pour moi, les deniers publics ne sont pas quelque chose avec quoi on peut jouer. Le voyage, je pense que nous avons besoin de voyager bien sûr en Guinée pour voir nos problèmes en face et trouver les solutions à nos problèmes. »
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