Afrique-France : à Montpellier, Emmanuel Macron prend une série d’engagements
Restitution d’œuvres, création d’une Maison des mondes africains, accent sur l’économie et la démocratie… Lors du sommet Afrique-France, le président français a fait de nombreuses annonces. Seront-elles à la hauteur des attentes ?
Le 27e sommet Afrique-France, organisé le 8 octobre à Montpellier, a bien été fidèle à sa promesse de nouveauté. Emmanuel Macron l’avait annoncé haut et fort, il s’agissait cette fois de donner la parole à la jeunesse du continent, notamment à travers les sociétés civiles et les diasporas, invitées cette fois en lieu et place des chefs d’États.
L’ambiance, bien plus festive et surtout bien moins protocolaire que par le passé, confirmait un vrai changement de format, les matchs de basket et les concerts enflammés remplaçant les discussions feutrées entre présidents des éditions précédentes.
Emmanuel Macron omniprésent De chef d’État, il n’y en avait donc qu’un seul, mais omniprésent dès le moment où il a posé le pied sur le sol de la vaste Arena-Sud-de-France qui accueillait l’événement. Comme si Emmanuel Macron profitait de l’absence de ses homologues pour bénéficier davantage de la lumière des projecteurs.
Et pour cela, il n’a pas hésité à donner de sa personne. À peine arrivé, en fin de matinée, il saisit le micro pour participer à la table ronde sur la coopération muséale, puis va se faire tirer le portrait sur l’espace Tech4scale consacré aux start-ups africaines, avant d’aller taquiner le ballon de foot ou de basket avec la jeunesse locale sur le terrain installé pour l’occasion.
Mais le grand rendez-vous de la journée, pour le président français et pour les quelque 3 000 personnes présentes, était bien sûr la séance plénière de l’après-midi, durant laquelle Emmanuel Macron a ouvert le dialogue avec onze jeunes issus du continent autour des thèmes soulevés par Achille Mbembe dans le document qu’il a remis à l’Élysée trois jours plus tôt. L’intellectuel camerounais clôturait son rapport par treize propositions qui doivent permettre à terme une redéfinition des relations entre l’Afrique et la France, tel qu’Emmanuel Macron l’avait esquissé dans son discours de Ouagadougou en 2017.
À LIRE Afrique-France : Cheikh Fall, Arthur Banga… Ces jeunes qui débattront avec Macron à Montpellier
Achille Mbembe peut être satisfait, puisque ses deux premières recommandations connaitront une application immédiate. Un Fonds d’innovation pour la démocratie va bien voir le jour. Doté d’un budget de 30 millions d’euros sur trois ans, son rôle sera de soutenir « les acteurs du changement sur le continent africain ». Ses orientations seront décidées par un comité de personnalités issues des sociétés civiles de France et d’Afrique, pour mieux en garantir l’indépendance.
La création d’une « Maison des mondes africains et des diasporas » sera également à l’étude. Une mission de préfiguration doit permettre de dessiner les contours de cette future institution à dominante culturelle, mais qui doit également embrasser les thématiques du débat d’idées, de la recherche et de l’entrepreneuriat. Cette mission, dont la présidence honorifique sera confiée à Achille Mbembe, disposera de six mois pour rendre ses premières propositions.
Une AFD plus politique ? Les onze autres recommandations ne sont pas enterrées, mais seront portées au fur et à mesure par les administrations les plus concernées, à commencer par l’Agence française de développement (AFD), appelée à jouer un rôle plus politique dans le rapport Mbembe.
Parmi les autres annonces importantes de l’après-midi, la relance du projet Digital Africa a bien été confirmée, cette fois-ci au sein de Proparco, filiale de l’AFD dédié au secteur privé, ainsi que la restitution au Bénin « dès les prochaines semaines » de 26 œuvres d’art pillées au palais d’Abomey au XIXe siècle.
À LIRE Afrique-France : ce qui va se jouer au sommet de Montpellier
Le ministère français de la culture doit également lancer un fonds de soutien pour l’accueil d’exposition et la circulation d’œuvres d’art africaines. D’un montant de 300 000 euros sur trois ans, ce fonds, à destination d’institutions muséales du continent, devra soutenir entre trois et cinq projets par an.
Un séminaire, « Itinéraire culture » sera également proposé chaque année, dès 2022, aux professionnels des musées africains pour les accompagner dans l’organisation et la conception d’expositions temporaires, pendant qu’un programme d’échanges entre professionnels des patrimoines français et africains doit voir le jour « selon des modalités encore à définir ».
AU-DELÀ DES ÉLÉMENTS DE LANGAGE, LE CHANGEMENT TANT ANNONCÉ RISQUE DE PRENDRE ENCORE UN PEU DE TEMPS
Les industries culturelles et créatives étant particulièrement mises à l’honneur à Montpellier, les programme existants – « Accès culture », visant à financer des micro-projets, et « Afrique créative », incubateur d’entreprises culturelles – , verront leur couverture étendue et leurs budgets renforcés à hauteur de 2,5 millions d’euros supplémentaires chacun, abondés par l’AFD.
Enfin, concernant l’enseignement supérieur, un nouveau dispositif sera mis en place pour favoriser les mobilités croisées d’étudiants entre la France et l’Afrique, en s’appuyant sur les partenariats existants entre établissements français et africains.
Pas sûr pour autant que ces initiatives soient suffisantes pour réellement refonder les relations futures entre la France et l’Afrique. Elles sont en tout cas bien loin de prendre en compte les attentes et les revendications avancées par les onze jeunes africains durant la plénière et auxquelles les annonces d’Emmanuel Macron n’ont pas vraiment répondu. Au-delà des éléments de langage, où les termes d’ « investissement solidaire » remplacent par exemple mot pour mot l’ « aide au développement », le changement tant annoncé à Montpellier risque de prendre encore un peu de temps.
8 octobre 2021 à 20:54 Par Olivier Caslin -
Envoyé spécial à Montpellier Mis à jour le 8 octobre 2021 à 22:48
Source J A / www.jeuneafrique.com
Dernier de Adama
- IMali : L'Éviction de Choguel Maïga et les Défis d'une Transition Instable**
- **"Burkina Faso : Les Purges Militaires d'Ibrahim Traoré, Risques de Guerre
- 𝐀𝐑𝐂𝐇𝐈𝐕𝐄𝐒 LA VAR / 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐆𝐛𝐚𝐠𝐛𝐨 𝐨𝐟𝐟𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐯𝐚𝐥𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐝'𝐚𝐫𝐠𝐞𝐧𝐭 𝐚̀ 𝐝'𝐨𝐛𝐬𝐜𝐮𝐫𝐬 𝐦𝐞𝐫𝐜𝐞𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜̧𝐚𝐢𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬 𝐭𝐞𝐧𝐭𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐫𝐭𝐞́𝐞
- 𝐃𝐢𝐚𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐚𝐮 𝐂œ𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥’𝐄́𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 ! 𝐔𝐧 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭 𝐈𝐧𝐜𝐥𝐮𝐬𝐢𝐟.
- 𝐀𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐞́𝐯𝐨𝐢𝐥𝐞́ 𝐥'𝐚𝐜𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐫𝐫𝐮𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐆𝐛𝐚𝐠𝐛𝐨 / 𝐁𝐨𝐮𝐫𝐠𝐢 𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐥𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐬𝐨𝐧 𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐧 𝐜𝐚𝐦𝐚𝐫𝐚𝐝e