Diplomatie et bonne éducation ! "A l’évidence, le Premier ministre actuel du Mali n’est pas de la caste des griots, et n’a aucune notion de diplomatie. Je dirais même d’éducation
- Écrit par Adama
- Publié dans Infos Ivoiriennes
Par Venance Konan/
***L’un de nos grands diplomates, aujourd’hui à la retraite, m’a raconté un jour que lorsque Thomas Sankara qui dirigeait alors le Burkina Faso fit sa sortie musclée devant le président français François Mitterrand, Houphouët-Boigny, le président ivoirien, l’envoya de toute urgence auprès de Sankara. Il le chargea de lui dire d’aller présenter ses excuses au président français, parce qu’on n’humilie pas le dirigeant d’une grande puissance en public. Parce qu’il réagira toujours.
Pour démontrer sa puissance et sans le crier sur tous les toits. En privé, en tête à tête ou lors d’une réunion restreinte, on peut se dire toutes les vérités ; mais en public, on utilise ce que l’on appelle le langage diplomatique. Lorsque l’on est un bon diplomate, l’on peut dire toutes les vérités, même les plus dures, à son adversaire, même le plus puissant et le plus susceptible, mais sans le blesser, sans l’humilier. Etre un bon diplomate n’est pas donné à tout le monde.
Il y a des personnes que l’on a qualifiées de grands diplomates parce qu’elles se sont illustrées dans le genre. C’est pour cela que dans de nombreux pays, il y a des écoles de diplomatie. Il y a ceux qui en ont le don et ceux qui l’apprennent. A l’école ou sur le tas. Généralement les vrais griots sont de grands diplomates. L’on raconte que lorsqu’il y eut une brouille entre les présidents Sékou Touré de la Guinée et Modibo Kéïta du Mali, au début de nos indépendances, c’est un griot qui, en chantant leurs louanges publiquement, arriva à les réconcilier. Thomas Sankara refusa de s’excuser et traita publiquement Houphouët-Boigny de « garde-chiourme de l’impérialisme ». Tout le monde sait comment Thomas Sankara est mort. Je ne saurais dire qu’il y a un lien entre ses propos devant Mitterrand et sa mort violente.
A l’évidence, le Premier ministre actuel du Mali n’est pas de la caste des griots, et n’a aucune notion de diplomatie. Je dirais même d’éducation. Car dans le langage courant, dire d’une personne qu’elle a le sens de la diplomatie signifie qu’elle a de l’éducation et sait comment s’adresser aux autres sans les blesser. Ce n’est vraiment pas le cas de l’actuel Premier ministre malien. A la tribune de l’ONU, il s’est attiré les applaudissements des seuls membres de sa délégation, parce que les autres personnes dans la salle qui sont des vrais diplomates savaient, elles, qu’il était en train de commettre une faute lourde, de se fourvoyer totalement. Il s’est attiré aussi sur les réseaux sociaux les encouragements des prétendus panafricanistes qui poussent la junte malienne vers l’abîme et il en est certainement très fier. Des Maliens l’ont acclamé dans les rues de New York en lui disant : « tu as bien parlé à ces colons et à leurs suppôts. Tu es un vrai Africain. » Il sera probablement reçu en héros lorsqu’il rentrera dans son pays. Le pauvre ! Il ne sait pas dans quoi il vient d’engager le pauvre Mali.
C’est notre Houphouët-Boigny qui disait que la politique est la saine appréciation des réalités du moment. Je souhaite à nos frères maliens d’avoir bien apprécié les réalités du moment et les rapports de force. C’est important, en politique, de bien apprécier les rapports de force et de bien apprécier les gains et les pertes à chaque décision que l’on prend, à chaque mot que l’on prononce. En son temps Sékou Touré avait prononcé son fameux « non » à la France. Il est devenu le héros d’une bonne partie de la jeunesse africaine d’alors. 64 ans après, nous voyons tous dans quel état se trouvent la Guinée son pays, et les Guinéens. Et pourtant ce pays regorge d’immenses richesses. Patrice Lumumba aussi avait dit ses quatre vérités au roi des Belges. Nous voyons dans quel état se trouve le Congo aujourd’hui, malgré ses immenses richesses.
En politique comme en toutes choses, il est bon d’avoir de l’audace. Mais l’audace mal utilisée crée souvent des héros morts. Et un héros mort ne sert pas à grand’chose. Je ne vois pas bien ce que le Mali, pays enclavé, pauvre parmi les pauvres, complètement dépendant de l’aide des autres sur pratiquement tous les plans, a à gagner à se mettre tout le monde, à commencer par ses voisins les plus essentiels à dos. Surtout maintenant qu’il a à faire face à la terreur des islamistes. Il compte sur qui ? Les Russes ? J’ai bien peur qu’à l’allure où vont les choses actuellement en Ukraine, ce ne soient les Russes qui aient bientôt besoin des soldats Maliens.
En tout cas, je souhaite beaucoup de courage à nos frères maliens en les invitant à méditer ces vers du poème « Si » du Britannique Rudyard Kipling : « si tu peux être brave et jamais imprudent…tu seras un homme, mon fils ».
Venance Konan
Media
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