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Agressions sexuelles: la star de la rumba congolaise Koffi Olomidé jugé lundi en appel

La salle de concert de La Défense Arena, près de Paris, a annoncé jeudi l'annulation du concert de Koffi Olomidé prévu le 27 novembre.

"C'est un dossier qui ne tient pas", martèle Me Emmanuel Marsigny pour défendre son client, "une accusation n'est pas une preuve." L'avocat souligne qu'en première instance, le tribunal "a fait litière de la quasi-totalité de toutes les accusations: il a été condamné pour des faits (datés de) 2002-2003 sur une des jeunes femmes, (ce qu'il) conteste."

La star de la rumba congolaise Koffi Olomidé, 65 ans, doit être jugé lundi en appel à Versailles pour agressions sexuelles et séquestration de quatre de ses anciennes danseuses entre 2002 et 2006, des accusations qu'il conteste.

En première instance, le tribunal de Nanterre l'avait condamné en mars 2019 à deux ans de prison avec sursis pour "atteinte sexuelle" sur l'une de ces jeunes femmes, déclarée mineure au moment des faits.

Le ministère public, qui avait requis sept ans d'emprisonnement ferme, avait fait appel de cette condamnation. Le chanteur star de la République démocratique du Congo (RDC) avait été relaxé des poursuites concernant trois des danseuses.

Koffi Olomidé, de son vrai nom Antoine Agbepa Mumba, ne s'était pas présenté à son procès en première instance ni, préalablement, à deux rendez-vous lors de l'instruction, provoquant l'émission d'un mandat d'arrêt.

Sollicité par l'AFP, Me Emmanuel Marsigny n'a pas souhaité s'exprimer sur la présence ou non de son client à l'audience, prévue lundi à 14H00 devant la cour d'appel de Versailles. Le jugement sera mis en délibéré à une date ultérieure. 

La salle de concert de La Défense Arena, près de Paris, a annoncé jeudi l'annulation du concert de Koffi Olomidé prévu le 27 novembre.

Deux hommes présentés par l'accusation comme des hommes de main, poursuivis pour complicités et relaxés à Nanterre, doivent également être rejugés.

Le procès en première instance s'était tenu à huit clos, ce que n'ont pas demandé cette fois-ci les parties civiles.

Ces dernières "comptent sur la présence de M. Olomidé" après une instruction dans laquelle il s'est "largement soustrait à la justice", a indiqué à l'AFP Me David Desgranges, qui défend trois des quatre danseuses.

Tournées en France -

En 2007, une première danseuse porte plainte et décrit à la justice ses tournées avec Koffi Olomidé en France, qu'elle dit vivre enfermée près de Paris dans un pavillon surveillé par trois gardes sans possibilité de sortir ni de téléphoner. Les trois autres, qui déposent plainte en 2009 puis 2013, confirmeront ce récit, selon l'accusation.

Parfois, selon le récit des danseuses - dont une qui assure qu'elle était alors mineure - à la justice, elles étaient amenées dans une chambre d'hôtel ou dans un studio d'enregistrement pour que le chanteur les force à avoir une relation sexuelle.

L'une d'entre-elles rapporte qu'elle subissait la scène deux fois par semaine. Une autre raconte qu'elle se laissait faire pour ne pas perdre son poste de danseuse.

En juin 2006, elles s'échappent ensemble du pavillon francilien avec une corde de drap après avoir endormi les gardes à l'aide de somnifères, selon leur récit. 

Initialement mis en examen pour viols aggravés et séquestration en 2012, Koffi Olomidé voit finalement la juge d'instruction le renvoyer en 2018 devant le tribunal correctionnel pour "atteinte sexuelle avec violence, contrainte, menace ou surprise par personne ayant autorité" - ou agressions sexuelles - et séquestration.

Il est également jugé pour aide illégale à l'entrée et au séjour des danseuses, venues de la RDC. 

"C'est un dossier qui ne tient pas", martèle Me Emmanuel Marsigny pour défendre son client, "une accusation n'est pas une preuve." L'avocat souligne qu'en première instance, le tribunal "a fait litière de la quasi-totalité de toutes les accusations: il a été condamné pour des faits (datés de) 2002-2003 sur une des jeunes femmes, (ce qu'il) conteste."

Né en 1956 dans la région des Grands Lacs en RDC, Koffi Olomidé a déjà été condamné dans son pays en 2012 à trois mois de prison avec sursis pour violences contre son producteur. 

Il avait également été expulsé du Kenya en 2016 pour avoir donné un coup de pied à l'une de ses danseuses, et la Zambie avait émis en 2018 un mandat d'arrêt à son encontre pour une agression sur un photographe en 2012.

Source AFP / Le Congolais Koffi Olomidé (c) en concert au Festival de musique urbaine d'Anoumabo (Femua), le 12 septembre 2021 à Abidjan, en Côte d'Ivoire afp.com

- Sia KAMBOU 24 OCT 2021 Mise à jour 25.10.2021 à 11:15 AFP © 2021 AFP

Par Venance Konan / France et Afrique "Nos jérémiades n’y changeront rien. Le monde est perpétuellement en guerre économique dans laquelle on ne se gêne pas"

 "La France avait inventé les sommets avec les chefs d’Etat africains. Les autres ont fait la même chose. La France vient d’inventer le forum avec la société civile. Gageons que les autres vont inventer quelque chose du même genre."

 ** Commençons par planter le décor. Les siècles derniers, un certain nombre de pays européens se sont lancés à la conquête du monde. Et tous les continents ont été l’objet de leur appétit de conquistadors. Pour ce qui nous concerne en Afrique, nous fûmes conquis essentiellement par la France et la Grande Bretagne, et dans une moindre mesure, par le Portugal, la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne. 

L’aventure coloniale, comme le disait Aimé Césaire dans son « Discours sur le colonialisme » n’était ni « évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du droit », mais plutôt « le geste de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec derrière l’ombre maléfique d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes. » 

Nos pays ont été colonisés pour que leurs richesses soient exploitées par et pour les colons. Au moment de la décolonisation, chaque ancien colonisateur s’est arrangé à sa manière pour garder toujours la main sur les anciennes colonies devenues indépendantes. Le cas qui nous concerne est celui de la France avec ses anciennes colonies. Soixante ans après les indépendances, nos pays francophones sont encore largement contrôlés, sur le plan économique tout au moins, par la France, et les autres pays africains ne le sont pas moins par les autres grandes puissances économiques mondiales. Aujourd’hui comme hier, il y a une course vers les richesses minières africaines, avec de nouveaux acteurs tels que la Chine, la Turquie et la Russie qui a remplacé l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) qui elle, cherchait plus à gagner l’Afrique sur le plan idéologique que sur le plan économique. Avec la Russie les choses sont bien différentes maintenant.

Dans cette course, chacun utilise les arguments dont il dispose. La France avait la part la plus viandée dans les pays qu’elle avait colonisés. Mais ses concurrents veulent lui tailler des croupières dans son pré carré. La France avait inventé les sommets avec les chefs d’Etat africains. Les autres ont fait la même chose. La France vient d’inventer le forum avec la société civile. Gageons que les autres vont inventer quelque chose du même genre. L’essentiel pour ces puissances est de maintenir ou d’étendre leur influence sur des Etats très faibles mais dotés de grandes richesses. 

Nos jérémiades n’y changeront rien. Le monde est perpétuellement en guerre économique dans laquelle on ne se gêne pas parfois pour faire des crocs-en-jambe à ses alliés, comme l’affaire des sous-marins australiens vient de le démonter. Les Australiens avaient signé un contrat de livraison de sous-marins avec la France. Mais les Etats-Unis ont fait pression sur les Australiens pour qu’ils rompent avec la France et signent un nouveau contrat avec eux. C’est ainsi. 

Continuons de nous plaindre de l’arrogance de la France, de son paternalisme, de son mépris, de ses bases militaires chez nous, de la marmite qui est sale, sans chercher à nous donner les moyens de prendre nous-mêmes notre destin en main et nous serons toujours les jouets de toutes les puissances. Ne nous leurrons pas. Dans la guerre économique, il n’y a pas des gentils et des méchants. C’est juste une question d’intérêt.

Je vous fais remarquer que la Corée du sud, le Japon, l’Allemagne et de nombreux autres pays européens ont des bases militaires américaines chez eux et personne ne met en doute leur indépendance.

Qu’ont demandé nos jeunes qui ont discuté avec le président Macron ? 

Que l’on ne prononce plus les mots « aide » et « développement », que la France s’excuse pour la colonisation, etc. C’est comme lorsque l’on demande de ne plus dire « aveugle », mais plutôt « non voyant », et « malentendant » à la place de « sourd ». 

Qu’est-ce que cela change au fond ?

Et pendant que nous demandons à la France d’enlever ses bases militaires chez nous, nous sommes furieux lorsqu’elle décide de redimensionner la force Barkhane, et dans la foulée nous lui demandons de financer notre démocratie. 

L’indépendance n’est-elle pas de se démocratiser tout seul ? 

Nous voulons que la France finance notre démocratie et nous ne voudrons pas plus tard qu’elle dise son mot sur la façon dont cette démocratie se déroule ?

Nous sommes fâchés que la France n’arrive pas à chasser les djihadistes que nous-mêmes n’avons pas réussi à chasser, mais nous ne voulons pas qu’elle dise son opinion sur nos gouvernances ? 

Que voulons-nous finalement ? Nous ne voulons plus que l’on parle d’aide ?

Très bien. Mais avons-nous pris les mesures qu’il faut pour nous passer de ce que l’on appelle aide ? 

Finalement, qu’est-ce que la rencontre de Montpellier a proposé concrètement pour rendre nos pays un peu plus indépendants sur le plan économique ?

Ce n’est pas la France qui est paternaliste, c’est nous qui sommes infantiles.

Comprenons-nous par exemple que si nous nous mettions à consommer nos produits locaux au petit déjeuner au lieu du pain fait avec du blé et le beurre importé, nous contribuerons à rendre autonome nos paysans qui à terme se passeraient d’aide ?

Avons-nous idée des milliards que nous dépensons chaque année pour acheter du blé que nous ne produisons pas, des habits que nous pouvons fabriquer nous-mêmes chez nous, à donner les très gros marchés à des multinationales étrangères alors que nos entreprises pourraient faire ce travail, à nous abonner à des chaînes de télévision étrangères… ?

Soyons donc moins extravertis et apprenons à consommer ce que nous produisons. Ce sera un premier pas pour apprendre à nous passer de l’aide, et pas seulement sur un plan sémantique. Décolonisons nos esprits, arrêtons de chercher un bouc-émissaire pour tous nos échecs, ayons foi en nous et nous serons surpris de voir ce dont nous sommes capables.

Par/ Venance Konan

Fin de l'opération Barkhane : quelle stratégie pour les forces françaises au Sahel ? "Redéploiement vers la zone des trois frontières" "Inquiétudes pour le Nord-Mali"

La France a entamé, mardi, la phase finale du retrait des militaires de la base de Kidal, dans le nord du Mali, dans le cadre du redéploiement militaire français au Sahel annoncé en juin. Une réorganisation qui vise à concentrer la lutte antiterroriste dans la région des trois frontières, et transférer graduellement le commandement militaire aux armées africaines. Explications. 

L’armée française a entamé, mardi 12 octobre, son retrait du nord du Mali. Neuf ans après le début de l’intervention française visant à repousser l’avancée jihadistes vers la capitale Bamako, Paris compte désormais graduellement réduire ses troupes et transférer le commandement des opérations militaires aux armées africaines présentes sur le terrain. Une démarche mal comprise par le Premier ministre malien, qui a dénoncé un manque de concertation et accusé la France “d’abandon en plein vol”, alors que la situation sécuritaire du pays continue de se dégrader. Comment va s’organiser ce redéploiement militaire français et quel impact va-t-il avoir sur la lutte antiterroriste au Sahel ? France 24 fait le point.

Réduction des forces au sol et focus sur l’aviation 

“Une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel”. Le 10 juin, le président Emmanuel Macron annonce la fin de l’opération Barkhane au profit d’une mission “d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région”. Un mois plus tard, il en détaille le calendrier avec un retrait des troupes progressif qui doit débuter début 2022 pour passer de 5 000 à 2 500 ou 3 000 soldats à l’horizon 2023. Un projet qui comprend la fermeture de trois bases militaires dans le nord du Mali, à Kidal, Tombouctou et Tessalit, pour recentrer la lutte antiterroriste et “endiguer une diffusion de la menace au sud”, selon les mots du président. Parmi les soldats voués à rester, figurent des formateurs militaires, mais également un contingent des forces spéciales françaises chargées de traquer les jihadistes dans le Sahel.

Autre élément clé de la mission antiterroriste française : l’aviation. Alors que les forces au sol vont être réduites de moitié, la France maintient la présence de ses sept avions de chasse ainsi que de six drones armés dont l’utilisation est devenue primordiale dans la lutte antiterroriste. “Depuis longtemps l’armée française réclamait cette technologie qui permet de frapper vite et fort au bon endroit” explique Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’État-major de l’armée de l’air, contacté par France 24. “Ces drones, qui ont enrichi notre arsenal depuis deux ans, agissent en parfaite complémentarité avec les avions de combat qui possèdent une puissance de frappe plus importante” souligne-t-il. “Cette technologie, qui a permis l’élimination par la France de plusieurs chefs jihadistes, représente aujourd’hui pour eux, la menace la plus aigüe. Car sur un terrain comme le Sahel, qui représente la taille de l’Europe, l’efficacité du déploiement militaire français a depuis longtemps montré ses limites”.

Redéploiement vers la zone des trois frontières 

Outre l'évolution des moyens, la France souhaite se désengager du nord du Mali pour réorienter la lutte antijihadiste vers la zone des trois frontières, jugée aujourd’hui comme le centre névralgique du terrorisme dans la région. Car ces dernières années, la crise sécuritaire s’est étendue à plusieurs pays voisins du Mali, notamment au Niger et au Burkina Faso. En 2021, le bureau humanitaire de l’ONU a recensé près de 300 incidents ayant causé la mort de 650 personnes dans cette zone sensible, pointant du doigt une augmentation des attaques jihadistes.

La zone dite "des trois frontières". La France va donc redéployer ses troupes vers les bases militaires de Gao et surtout de Menaka, plus proche de la frontière avec le Niger et qui abrite actuellement le commandement de Tabuka, le groupement de forces spéciales européennes. Cette force internationale, dotée de 600 militaires de huit pays européens, a pour mission de former, d'entraîner et d’accompagner au combat les forces armées maliennes. En parallèle, la base française de N'Djamena, au Tchad, est également maintenue, et la France compte renforcer sa présence au Niger. La base militaire de Niamey, qui héberge déjà le poste de commandant de la force conjointe du G5 Sahel, rassemblant des soldats de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, “sera très fortement musclée”, avait annoncé en juillet Emmanuel Macron.

Inquiétudes pour le Nord-Mali 

Bien que la situation sécuritaire demeure volatile au Nord-Mali, Emmanuel Macron estime qu’il est du devoir de la France d‘amorcer un retrait progressif : “Je pense que nous n'avons pas vocation à rester, c'est pour ça que nous sommes en train de fermer des bases. (…) L'État malien doit avant tout revenir”, expliquait-il, lors du sommet Afrique-France le 8 octobre 2021. Une position vivement critiquée par le Premier ministre malien à l’Assemblée générale de l’ONU, où il a fustigé un manque de concertation et qualifié le retrait français d'"abandon en plein vol”. Au Mali “ceux qui manifestaient contre la présence française se réjouissent de ce départ, mais certains craignent aussi pour la suite” explique à France 24 Boubacar Haidara, politologue à Science-Po Bordeaux et à l'université Ségou, au Mali. “Il est clair aujourd’hui que l’État malien n’a pas les moyens d’investir la totalité du Nord” souligne le chercheur. 

Une constat partagé par Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24 :

“Le Nord-Mali échappe au contrôle du gouvernement : cette zone est régie par des factions touarègues avec une forte présence jihadiste du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), qui fait partie d'Aqmi, donc d'Al-Qaïda, et qui gère par endroit les contentieux entre citoyens” explique-t-il. “La situation sécuritaire au nord est loin d'être réglée mais pour Paris, le redéploiement est avant tout une question de priorité car la progression du GSIM et du groupe État islamique au centre représentent une menace plus grande pour la stabilité régionale”.

Le 12 octobre, jour du départ du dernier convoi français de la base de Kidal, le colonel Pascal Lanni, porte-parole de l'état-major, a précisé qu’un détachement français de Barkhane demeurerait sur place pour faire de la "réassurance" auprès des partenaires de la France. La force de maintien de la paix de l’ONU, Minusma, qui compte à Kidal 1 300 soldats guinéens et tchadiens, maintient quant à elle son effectif, aux côtés des 400 soldats des forces maliennes. 

“Le départ du Nord-Mali n’est pas une surprise, cela fait longtemps que la France l’envisage” souligne Jean-Paul Paloméros. “La priorité aujourd'hui n’est pas de reprendre le contrôle de toute la région, mais de contenir la menace en tenant des points clés où se trouve la population ainsi que les voies de communication. Les forces maliennes ont été formées en ce sens. La Minusma doit, quant à elle, jouer son rôle de pacificateur. La France continuera de mener des opérations ciblées à distance. Pour le reste, la présence militaire étrangère ne peut être une solution. Il s’agit d’un problème de politique nationale que seul le Mali peut traiter” conclut-il.

Publié le : 14/10/2021 - 19:41 Un membre du groupement des forces spéciales européennes Tabuka, le 3 novembre 2020, qui a pour mission de former, d'entraîner et d’accompagner au combat les forces armées maliennes.

© Daphné Benoit, AFP Texte par : David RICH

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© France 24

Esclavage au Mali : « Dans certains villages, on est au bord de la guerre civile »

Dans la région de Kayes, la persistance de l’esclavage par ascendance a provoqué de violents affrontements. Alors qu’Ismaël Wagué, le ministre malien de la Réconciliation, se rend aujourd’hui sur place, la chercheuse Marie Rodet analyse pour JA ce phénomène.

Ce 28 septembre, une vidéo montrant des jeunes ligotés et torturés à coups de gourdins et d’armes blanches a fait le tour des réseaux sociaux et soulevé colère et indignation. La scène, pour le moins macabre, se déroule à Tamora, dans la région de Kayes, lors de violents affrontements entre des militants anti-esclavagistes et des soi-disant « nobles ». Le bilan, qui n’a pas été officiellement confirmé, fait état d’un mort et d’une dizaine de blessés. Une trentaine de personnes ont été interpellées et depuis, plusieurs dizaines d’habitants de la région ont fui pour se réfugier à Bamako. 

Depuis 2018, la zone fait face à une montée de la violence liée à la problématique de l’esclavage par ascendance (« jonya », en bamanankan). Cette pratique, qui persiste à Kayes et dans d’autres région du pays, mène à de fortes discriminations. Des « esclaves » ont par exemple été empêchés d’accéder à leurs champs par des « nobles », ont rapporté des experts des Nations unies. Deux mois après l’adoption d’un « pacte social » pour la cohésion entre les communautés, Ismaël Wagué, le ministre de la réconciliation se rend ce jeudi 14 octobre dans la région.

À LIRE Mauritanie, Bénin, Côte d’Ivoire… Cette Afrique qui marche encore sous le joug de l’esclavage Spécialiste de l’Histoire de l’Afrique à la School of Oriental and African Studies (SOAS, Londres), Marie Rodet décrypte pour Jeune Afrique les ressorts historiques et politiques de ces pratiques esclavagistes.

Jeune Afrique : Au Mali, l’esclavage a été officiellement aboli en 1905 par l’administration coloniale. Comment expliquez-vous la persistance de cette pratique, notamment dans la région de Kayes ? 

Marie Rodet : En 1905, il s’agissait d’une abolition de la traite pour toute l’Afrique occidentale française. Mais, évidemment, les colons ont tardé à la mettre en place parce qu’ils ne voulaient pas perturber l’économie locale et l’ordre social sur lequel reposait toute leur hégémonie. Ils n’étaient pas assez nombreux pour contrôler toute la population. Ils avaient besoin des chefs locaux, qui étaient esclavagistes.

Certains esclaves ont alors pris en main leur libération et ont fondé de nouveaux villages, comme Liberté Dembaya, dans le sud de la région de Kayes. D’autres ont réussi à s’échapper, comme les tirailleurs après les guerres mondiales. Ils étaient, pour une partie, considérés comme des descendants d’esclaves mais ils y sont parvenus parce qu’ils avaient une solde et un statut. Ceux qui ont pu aller à l’école et avoir une carrière de fonctionnaires ont également réussi à s’en sortir.

Mais comme il n’y a pas eu de révolution générale, il n’y a pas non plus eu de changement de l’idéologie dominante. Dans l’ensemble des milieux sociopolitiques maliens, le sens de l’honneur reste attaché au fait d’être noble. On connait bien le mot en bamanankan : « horonya ».

LES « ESCLAVES » SONT DE PLUS EN PLUS ENTENDUS ET SOUTENUS, ET SEMBLENT EN PASSE DE GAGNER LA BATAILLE

Comment est apparu l’esclavage par ascendance au Sahel ?

L’esclavage est une institution tristement partagée dans le monde et sans doute aussi ancienne que l’histoire de l’humanité. L’esclavage au Sahel a été renforcé par la traite transatlantique, car elle a encouragé les guerres internes et la militarisation des royaumes locaux. D’après les récits locaux, il y a eu une dernière grande vague d’esclavagisation lors des guerres perpétrées par les armées de Samory Touré à la fin du XIXème siècle. Lors des attaques, les populations étaient décimées et les quelques survivants étaient capturés et mis en esclavage. Ce sont aujourd’hui leurs descendants qui sont victimes d’esclavage par ascendance.

Pourquoi assiste-t-on aujourd’hui à cette résurgence de la violence ? 

Une révolution idéologique est peut-être en cours. Les réseaux sociaux donnant de l’ampleur à toutes les informations, les « esclaves » sont de plus en plus entendus et soutenus, et semblent en passe de gagner la bataille. Mais face à eux, les « nobles » s’accrochent à leur petit morceau de pouvoir parce que c’est tout ce qui leur reste. Ils ne sont plus les plus riches, il ne leur reste donc que leur statut. Pour le conserver, il sont prêt à tout, y compris à la violence parce que l’esclavage même est une institution extrêmement violente : symboliquement, physiquement, socialement.

Que dit la loi concernant la pratique de l’esclavage par ascendance ?

Il n’y a pas de loi spécifique criminalisant l’esclavage par ascendance au Mali. On peut utiliser le code pénal quand il y a des violences, notamment en cas de violences physiques ou de meurtres. On peut invoquer l’article 2 de la Constitution, qui interdit toute discrimination basée sur l’origine sociale et les traités internationaux. Mais comme l’ont rappelé des magistrats de Kayes en juillet dernier, ils ne disposent pas d’instruments juridiques pour condamner les esclavagistes. Une loi qui criminalise l’esclavage par ascendance comme il y en a au Niger, au Sénégal ou en Mauritanie serait un pas essentiel. Mais, évidemment, cela ne suffit pas et il faut que les mentalités changent. 

C’EST UN PEU FACILE DE DIRE QUE CE SONT LES « ESCLAVES » QUI SE TOURNENT VERS LES GROUPES TERRORISTES 

Il y a pourtant eu un projet de loi en 2016… 

Le projet de loi de 2016 a été laissé dans un tiroir, parce que, depuis dix ans, tout est vu sous l’angle sécuritaire au Mali. Et effectivement, dans certains villages, on est au bord de la guerre civile à cause de cette question d’esclavage par ascendance. Sans compter que certains membres de groupes terroristes se sont réfugiés dans la forêt de Wagadu, près de Kayes. ==

À LIRE Mauritanie : « Il y a moins d’esclaves ici que chez certains de nos voisins » Certains craignent que les frustrations ne soient exploitées par ces groupes terroristes. Qu’en pensez-vous ?

Dans ces villages maliens, et notamment au nord de la région de Kayes, cela fait très longtemps qu’il y a des cellules dormantes de populations radicalisées. Les frustrations sociales et économiques touchent tout le monde, pas seulement les « esclaves ». C’est un peu facile de dire que ce sont ces derniers qui vont se tourner vers les groupes terroristes.

Source ttps://www.jeuneafrique.com

PHOTO : Ismaël Wagué, le ministre malien de la réconciliation à son arrivée à Bafoulabé dans la région de Kayes, le 14 octobre 2021. © Michel Yao. 14 octobre 2021 à 17:41

Par Bokar Sangaré Mis à jour le 14 octobre 2021 à 17:43

L'Entretien Sur FRANCE 24 / Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre malien : "Nous devons tirer les leçons du passé"

 « il peut y avoir au niveau des autorités françaises, des approches qui ne sont pas les mêmes que celles du gouvernement malien ». « Il est hors de question d’imaginer que le peuple malien nourrit un sentiment anti-français », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a accordé à France 24 et RFI un entretien en marge de l’Assemblée générale de l'ONU à New York. Il regrette, une fois de plus, la suspension des opérations militaires françaises qu'il qualifie d'abandon "en plein vol". Il s'exprime aussi sur la transition politique au Mali et les élections générales prévues le 27 février. Il défend un calendrier réaliste permettant de "minimiser les risques de contestation des résultats", quitte à décaler ce scrutin.

Par : Carrie NOOTEN Emmanuel SAINT-MARTIN Publié le : 27/09/2021 - 09:29

 

 A lire aussi Dr Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de Transition :

«Les tensions entre la France et le Mali ne vont pas aboutir au divorce» 

A l’occasion de la 3e édition de la Journée mondiale du Coton, tenue à Genève, la semaine dernière, le Premier ministre de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga, s’est prononcé sur les tensions entre le Mali et la France. Devant les médias, le chef du gouvernement joue la carte de l’apaisement.

« Le Mali et la France constituent un vieux couple. Il y a par moment des scènes de ménage qui peuvent survenir de l’un ou de l’autre membre du couple. Mais je ne crois pas que cela va aboutir au divorce. Pour l’instant, les uns et les autres sont énervés. Ils disent beaucoup de choses sur le coup de l’énervement ; je pense qu’il y a beaucoup de perte de sang-froid », a souligné Dr Choguel Kokalla Maïga sur TV5 dans son journal d’Afrique de 20h30 du jeudi 7 octobre 2021. Selon le locataire de la Primature, « il peut y avoir au niveau des autorités françaises, des approches qui ne sont pas les mêmes que celles du gouvernement malien ». « Il est hors de question d’imaginer que le peuple malien nourrit un sentiment anti-français », a-t-il déclaré.

A en croire Dr Choguel Kokalla Maïga, le Mali a le droit de se tourner vers d’autres partenaires pour sécuriser son territoire. « Nous avons dit que notre partenariat avec la France n’est pas exclusif, parce que notre souci, c’est d’assurer la sécurité de nos citoyens », a-t-il fait savoir. Le Premier ministre issu du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques) persiste et signe que les informations concernant la société privée de mercenaires Wagner relèvent des articles de presse et des rumeurs. « Nous avons dit que le jour où nous signerons quelque chose, nous le rendrons public. Nous n’allons pas nous cacher et nous n’avons pas honte de coopérer avec qui que ce soit, pour assurer la sécurité de nos concitoyens », a-t-il affirmé. 

Source B Siby

Quand Macron humilie un pseudo-intellectuel ivoirien.

"Arthur Banga et les autres intellectuels africains gagneraient à ne pas se laisser souvent déborder par leurs émotions et/ou leurs convictions politiques."

Par Saïd PENDA 

C’est malheureux que ce soit le président Macron qui apprenne à l’Ivoirien Arthur Banga qu’un intellectuel se reconnaît par sa capacité à analyser, sans émotion, chaque situation et non pas dans la facilité de la généralisation. Ma fierté africaine a pris un coup et j’ai eu honte à la place d’Arthur Banga. Car il faut usurper de la qualité d’intellectuel pour amalgamer le cas des dictateurs déby et alpha condé avec celui du président ivoirien.

Tous les intellectuels qui se respectent savent que le président Ouattara avait déjà désigné le candidat de son parti à la présidentielle de 2020 après avoir annoncé officiellement qu’il ne se présenterait plus alors que la constitution lui offrait pourtant cette possibilité. Si Amadou Gon Coulibaly n'était pas décédé à quelques semaines de la date de dépôt des candidatures, mettant le RHDP dans l'impossibilité de préparer et présenter un autre candidat, la Côte d'Ivoire aurait aujourd'hui un autre président. Il s'appellerait Amadou Gon COULIBALY, henri konan bédié, pascal affi nguessan ou KKB, mais pas Alassane Ouattara.

J’ai souvent ce problème de la généralisation avec certains supporters même de l’actuel régime ivoirien qui, parce qu’ils sont aujourd’hui au pouvoir, condamnent mécaniquement tous les coups d’état. 

  Or, il suffit de faire un effort de réflexion pour parvenir à la conclusion qu’il y a incontestablement des coups d’état salutaires. Il en est de celui qui a dégagé le tribaliste "ivoiritaire" bédié en 1999, tout comme on ne peut que saluer le renversement de Maïnassara au Niger ou, plus récemment la mise hors d’état de nuire d’Alpha Condé. Par contre, sauf à être d’une incroyable malhonnêteté intellectuelle, on ne peut que condamner le renversement d’IBK démocratiquement réélu en 2018 pour son 2e et dernier mandat, malgré toutes les tares réelles de sa gouvernance unanimement reconnues par la majorité des observateurs. Dans le cas d’IBK, le temps a bien montré que le putsch d’assimi goïta était une très grave bêtise, puisque un an après le putsch des colonels Maliens, il n’y aucune amélioration de la situation et tous les indicateurs sont plutôt passés au rouge. 

Arthur Banga et les autres intellectuels africains gagneraient à ne pas se laisser souvent déborder par leurs émotions et/ou leurs convictions politiques. La casquette de "société civile" bien vissée sur la tête alors que la carte d’un parti politique est dissimulée dans la poche, c’est à ce genre d’humiliation que cela conduit.

Ce qui est vrai, est vrai !

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ARTHUR Banga à Aristide NKENDA : " Il faut lire plus parce que tu lis vieux. La réponse de Aristide NKENDA : "Je voudrais simplement dire à Arthur qu'il faut qu'il soit capable de connecter ses batteries immatérielles à ses batteries matérielles pour activer ses batteries auto-propulsives et induire avec succès sa puissance energiecocapacitaire.Il faut qu'il utilise les convertisseurs Symbiotologiques, c'est ça le retour aux fondamentaux en Afrique. Il faut qu'il interpelle l'ancestrologie du changement avec deux options : le leadership et le Benchmark."

Afrique-France : à Montpellier, Emmanuel Macron prend une série d’engagements

Restitution d’œuvres, création d’une Maison des mondes africains, accent sur l’économie et la démocratie… Lors du sommet Afrique-France, le président français a fait de nombreuses annonces. Seront-elles à la hauteur des attentes ? 

Le 27e sommet Afrique-France, organisé le 8 octobre à Montpellier, a bien été fidèle à sa promesse de nouveauté. Emmanuel Macron l’avait annoncé haut et fort, il s’agissait cette fois de donner la parole à la jeunesse du continent, notamment à travers les sociétés civiles et les diasporas, invitées cette fois en lieu et place des chefs d’États.

L’ambiance, bien plus festive et surtout bien moins protocolaire que par le passé, confirmait un vrai changement de format, les matchs de basket et les concerts enflammés remplaçant les discussions feutrées entre présidents des éditions précédentes. 

Emmanuel Macron omniprésent De chef d’État, il n’y en avait donc qu’un seul, mais omniprésent dès le moment où il a posé le pied sur le sol de la vaste Arena-Sud-de-France qui accueillait l’événement. Comme si Emmanuel Macron profitait de l’absence de ses homologues pour bénéficier davantage de la lumière des projecteurs. 

Et pour cela, il n’a pas hésité à donner de sa personne. À peine arrivé, en fin de matinée, il saisit le micro pour participer à la table ronde sur la coopération muséale, puis va se faire tirer le portrait sur l’espace Tech4scale consacré aux start-ups africaines, avant d’aller taquiner le ballon de foot ou de basket avec la jeunesse locale sur le terrain installé pour l’occasion.

Mais le grand rendez-vous de la journée, pour le président français et pour les quelque 3 000 personnes présentes, était bien sûr la séance plénière de l’après-midi, durant laquelle Emmanuel Macron a ouvert le dialogue avec onze jeunes issus du continent autour des thèmes soulevés par Achille Mbembe dans le document qu’il a remis à l’Élysée trois jours plus tôt. L’intellectuel camerounais clôturait son rapport par treize propositions qui doivent permettre à terme une redéfinition des relations entre l’Afrique et la France, tel qu’Emmanuel Macron l’avait esquissé dans son discours de Ouagadougou en 2017.

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Achille Mbembe peut être satisfait, puisque ses deux premières recommandations connaitront une application immédiate. Un Fonds d’innovation pour la démocratie va bien voir le jour. Doté d’un budget de 30 millions d’euros sur trois ans, son rôle sera de soutenir « les acteurs du changement sur le continent africain ». Ses orientations seront décidées par un comité de personnalités issues des sociétés civiles de France et d’Afrique, pour mieux en garantir l’indépendance.

La création d’une « Maison des mondes africains et des diasporas » sera également à l’étude. Une mission de préfiguration doit permettre de dessiner les contours de cette future institution à dominante culturelle, mais qui doit également embrasser les thématiques du débat d’idées, de la recherche et de l’entrepreneuriat. Cette mission, dont la présidence honorifique sera confiée à Achille Mbembe, disposera de six mois pour rendre ses premières propositions.

Une AFD plus politique ? Les onze autres recommandations ne sont pas enterrées, mais seront portées au fur et à mesure par les administrations les plus concernées, à commencer par l’Agence française de développement (AFD), appelée à jouer un rôle plus politique dans le rapport Mbembe.

Parmi les autres annonces importantes de l’après-midi, la relance du projet Digital Africa a bien été confirmée, cette fois-ci au sein de Proparco, filiale de l’AFD dédié au secteur privé, ainsi que la restitution au Bénin « dès les prochaines semaines » de 26 œuvres d’art pillées au palais d’Abomey au XIXe siècle. 

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Le ministère français de la culture doit également lancer un fonds de soutien pour l’accueil d’exposition et la circulation d’œuvres d’art africaines. D’un montant de 300 000 euros sur trois ans, ce fonds, à destination d’institutions muséales du continent, devra soutenir entre trois et cinq projets par an. 

Un séminaire, « Itinéraire culture » sera également proposé chaque année, dès 2022, aux professionnels des musées africains pour les accompagner dans l’organisation et la conception d’expositions temporaires, pendant qu’un programme d’échanges entre professionnels des patrimoines français et africains doit voir le jour « selon des modalités encore à définir ».

AU-DELÀ DES ÉLÉMENTS DE LANGAGE, LE CHANGEMENT TANT ANNONCÉ RISQUE DE PRENDRE ENCORE UN PEU DE TEMPS

Les industries culturelles et créatives étant particulièrement mises à l’honneur à Montpellier, les programme existants – « Accès culture », visant à financer des micro-projets, et « Afrique créative », incubateur d’entreprises culturelles – , verront leur couverture étendue et leurs budgets renforcés à hauteur de 2,5 millions d’euros supplémentaires chacun, abondés par l’AFD.

Enfin, concernant l’enseignement supérieur, un nouveau dispositif sera mis en place pour favoriser les mobilités croisées d’étudiants entre la France et l’Afrique, en s’appuyant sur les partenariats existants entre établissements français et africains. 

Pas sûr pour autant que ces initiatives soient suffisantes pour réellement refonder les relations futures entre la France et l’Afrique. Elles sont en tout cas bien loin de prendre en compte les attentes et les revendications avancées par les onze jeunes africains durant la plénière et auxquelles les annonces d’Emmanuel Macron n’ont pas vraiment répondu. Au-delà des éléments de langage, où les termes d’ « investissement solidaire » remplacent par exemple mot pour mot l’ « aide au développement », le changement tant annoncé à Montpellier risque de prendre encore un peu de temps.

8 octobre 2021 à 20:54 Par Olivier Caslin -

Envoyé spécial à Montpellier Mis à jour le 8 octobre 2021 à 22:48

Source J A / www.jeuneafrique.com

INVITÉ AFRIQUE *Achille Mbembe: «Il existe d'immenses possibilités de transformation» des relations Afrique-France

Nommé par Emmanuel Macron, l’historien camerounais a remis au président français un rapport regroupant 13 propositions pour «refonder» les rapports entre l'Afrique et la France.

Le sommet Afrique-France, s'est ouvert ce vendredi 8 octobre à Montpellier, dans le sud de la France. Entrepreneurs, représentants des sociétés civiles, acteurs de la culture, du sport… 2 500 à 3 000 personnes – dont 700 en provenance du continent – participent à l’événement. Petite révolution : aucun chef d’État africain n’a été convié pour l’occasion. Ce rendez-vous est « exclusivement consacré à la jeunesse et à la société civile », selon les mots de l’Élysée. Emmanuel Macron a échangé avec une douzaine de jeunes issus de différents pays du continent. Véritable cheville ouvrière de ce sommet, Achille Mbembe, rendra compte, lui, du travail qu’il a mené depuis le mois de janvier 2021.

Le philosophe et historien camerounais a lancé de mars à juillet plus d’une soixantaine de rencontres avec des jeunes et des représentants des sociétés civiles dans 12 pays du continent. Le fruit de ces « dialogues » a donné lieu à un rapport que l’intellectuel a remis mardi au président français. Rapport dans lequel il formule des propositions pour « refonder » la relation entre la France et le continent. Achille Mbembe est l’invité de Pierre Firtion.

RFI : Qu’est-il ressorti de ces dialogues que vous avez menés sur le continent avec ces jeunes et ces représentants des sociétés civiles ?

Achille Mbembe : Il y a plusieurs choses. Il faut dire d’abord que c’était un exercice délicat, cela n’avait jamais été fait. J’ai le sentiment, au sortir de ces sept mois, d’avoir été honnête et surtout d’être resté lucide. Une fois cela dit, évidemment, il faut garder à l’esprit la complexité des enjeux. Mais cela dit, il existe d’immenses possibilités réelles de transformation pourvu que, de part et d’autre, on sache s’y prendre.

Ces dialogues ont donné lieu à un rapport que vous avez remis mardi 5 octobre au président Macron. Vous formulez à la fin de ce document 13 propositions pour refonder la relation entre la France et le continent africain… 

Il n’en fallait pas plus, en tout cas de mon point de vue, parce qu’au fond, il y a beaucoup de choses qui se font d’ores et déjà. Et il y a eu en particulier depuis 2017 une foule d’initiatives qui ont été mises en route. Donc évidemment, l’impact ne se fera ressentir que petit à petit, parce que ce n’est pas en quatre ans qu’on change tout. Il n’y avait pas besoin de répéter ce qui se fait déjà. Il y avait besoin d’imaginer de nouveaux outils, une nouvelle génération d’outils, de mettre l’accent sur comment répondre aux trois grandes aspirations qui sont remontées des dialogues : la grande demande de mobilité et de droit à la circulation, à commencer par la mobilité et le droit à la circulation en Afrique même ; la grand demande de démocratie face effectivement à des régimes qui, pour l’essentiel, sont en train de détruire les moyens d’existence des gens ; et la grande demande également de dignité que l’on voit bien surgir à l’occasion de nombreux débats autour de la colonisation, du rapport asymétrique à la France.

Vous dîtes que beaucoup de choses ont été faites depuis quatre ans. Mais, on a le sentiment que les critiques envers la France ont pris de l’ampleur ces derniers temps ?

Il y a eu des inflexions, ça c’est manifeste. Évidemment, il y a des controverses autour des interventions militaires, du soutien présumé à des tyrans au mépris de l’ordre constitutionnel. Le cas tchadien a suscité une grande colère au sein de l’opinion africaine. Il y a tout ce qui a trait à ce que j’appelle dans le rapport la « conditionnalité migratoire », qui ne concerne pas d’ailleurs que la France, qui concerne l’Europe dans le sens où l’Europe a renforcé le contrôle de sa frontière Sud. Ce qui a abouti à faire de la Méditerranée une véritable fosse commune. Les choses pourraient s’arrêter là. Sauf qu'au fond, dans le cadre de cette politique, elle est parvenue à imposer aux États africains des pseudos conseils d’appui coercitif qui ont pour conséquence de rendre plus difficile encore la circulation des Africains à l’intérieur du continent. Et cela n’est pas acceptable. Tout comme il n’est pas acceptable de lier l’aide publique au développement à l’obligation de déporter les migrants africains. Donc, il y a là des motifs de très grande colère et de divergence qui demeurent.

Les divergences demeurent également en ce qui concerne la politique de restitution, parce qu'au fond, je dirais que la France en dépit de la volonté du président Macron ne dispose pas encore d’une véritable politique de restitution. Elle a mis en place une politique que j’appellerai de « dérogation ponctuelle et limitée ». Cela n’est pas suffisant. Donc, il y a un certain nombre de domaines comme cela où il y a des choses à faire.

Vos propositions sont-elles de nature à véritablement changer la relation entre la France et l’Afrique ? 

Dans les propositions stratégiques qui ont été formulées, certaines visent effectivement à transcender ces divergences et à aller de l’avant, à construire de solides bases pour aller très loin. Évidemment, il ne faut pas être naïf non plus : il y a un contexte, il y a d’autres forces qui ne regardent peut-être pas nécessairement dans la même direction. Il y a des arbitrages à effectuer, mais dès le départ, moi, ce qui me tenait à cœur, c’était de faire ce travail de la façon la plus honnête possible et la plus lucide possible. Et je crois pouvoir dire au point où on en est, que cet objectif a été atteint. 

GUILLEM SARTORIO / AFP Par : Pierre Firtion Publié le : 08/10/2021 - 07:23

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INVITÉ AFRIQUE Laurent Duarte (Tournons la Page): «La politique de la France au Sahel est dans une impasse»

Publié le : 04/10/2021 - 07:53 Emmanuel Macron, lors du Sommet de Pau, en janvier 2020, entouré du président nigérien Mahamadou Issoufou à droite et du président tchadien Idriss Déby à gauche. Emmanuel Macron, lors du Sommet de Pau, en janvier 2020, entouré du président nigérien Mahamadou Issoufou à droite et du président tchadien Idriss Déby à gauche. AP - Guillaume Horcajuelo Par : Claire Fages 

À quelques jours du sommet Afrique-France de Montpellier, un collectif d'ONG actives au Sahel demande une refondation de la politique sahélienne de la France et lance avec l'IRIS un cycle de débats sur le sujet. Parmi ces ONG, le collectif « Tournons la Page ». Son secrétaire exécutif Laurent Duarte est notre invité.

RFI : On vient d’assister à un clash entre le Premier ministre de transition du Mali, Choguel Maïga, et le président français, Emmanuel Macron. Qu’est-ce que cela nous dit de la politique sahélienne de la France ?

Laurent Duarte : On voit, avec cette montée des tensions, que la politique de la France est dans une impasse. Le Sahel est dans une crise multidimensionnelle, depuis maintenant de nombreuses années, et la France adopte un discours essentiellement sécuritaire et très peu à l’écoute des sociétés civiles du Sahel et des sociétés civiles françaises, qui ont aussi des propositions à faire. C’est pour cela que nous avons lancé un appel à la refondation de la politique de la France au Sahel et que nous souhaitons que ces tensions redescendent, par le dialogue et par la mise en place de solutions communes.

Est-ce qu’il y a des angles morts dans la façon dont le Sahel est regardé par la France, aujourd’hui ?

Oui, évidemment, il y a au moins trois gros angles morts que nous avons soulignés dans notre rappel. Le premier, c’est que la réponse est essentiellement sécuritaire et qu’elle s’attaque assez peu aux questions sociales des inégalités, ou à l’impact sur les populations civiles de la crise sécuritaire. Le deuxième angle mort, c’est une absence, aujourd’hui, de véritables discours, mais aussi d’actes sur la question des droits humains. Et puis il y a un autre sujet qui est également difficile, semble-t-il, à traiter par la France dans ses relations avec le Sahel : c’est un discours ferme sur la question des carences en matière de gouvernance économique et de gouvernance politique. On le voit bien aujourd’hui, avec un discours très ambivalent entre le Mali et le Tchad : au Mali, on critique un coup d’État, au Tchad, on est d’accord… Ce « deux poids, deux mesures » est vraiment un angle mort également de la position de la France au Sahel.

Vous soulignez l’échec du « tout sécuritaire au Sahel » et vous réclamez plus de développement. Mais on a déjà beaucoup de partenaires du développement dans le Sahel. Le développement fait aussi partie des attributions de la coalition pour le Sahel. Qu’est-ce qui ne marche pas, selon vous, dans cette aide au développement ?

D’abord, la question du développement ne se réduit pas seulement aux montants qui sont dépensés. Il faut d’abord avoir un développement qui soit basé sur les sociétés et pour les sociétés du Sahel. Souvent, on a tendance à imposer des modèles qui sont inadaptés aux contextes locaux. C’est un premier point. Le deuxième c’est que, bien sûr il y a eu une prise de conscience au sein de la diplomatie française, sur la nécessité de lutter aussi contre les causes du terrorisme et de l’insécurité. Mais pour l’instant, la Cour des comptes l’a très bien montré dans son dernier rapport, les investissements militaires sont bien plus importants que les investissements dans le développement. Surtout, les États sahéliens, qui devraient être les premiers à faire du développement de leur pays une priorité, sont aujourd’hui incapables de le faire, notamment parce que cette crise sécuritaire pèse lourdement sur le budget de l’État. Aujourd’hui, l’espace civique dans ces pays est très restreint. Les lois antiterroristes et les lois encadrant les manifestations ont restreint les capacités d’action des acteurs de la société civile. Et c’est aussi par ce biais-là, en soutenant ces acteurs -la France peut le faire, à travers ses divers instruments, l’Union européenne aussi- que l’on résoudra cette crise multidimensionnelle et complexe.

Justement, à la fin de la semaine se tient à Montpellier le premier sommet Afrique-France qui exclut délibérément les chefs d’État et de gouvernement pour laisser la place à cette société civile. Est-ce que vous pensez que ce changement de format peut apporter quelque chos ?

Il faut bien évidemment reconnaître qu’il y a une prise de conscience de la part d’Emmanuel Macron, de la diplomatie française, que ces grands raouts diplomatiques qui « drainaient » des chefs d’État souvent illégitimes, n’est plus tenable. Et aujourd’hui, d’organiser un sommet de ce type avec la société civile est une première étape. Mais on le voit bien, aujourd’hui c’est une seule journée. Pour l’instant il n’y a pas véritablement de programme disponible et les questions qui fâchent seront certainement difficiles à traiter dans ce genre de sommet. Néanmoins, on note un effort et on espère surtout que la diplomatie française et Emmanuel Macron vont comprendre qu’il faut respecter les sociétés sahéliennes et plus largement africaines dans leur complexité et surtout dans leur capacité à trouver des solutions par elles-mêmes. Et il faut accompagner ces solutions, accompagner ces demandes, plutôt que de critiquer, à chaque fois que la France est pointée du doigt pour l’inefficacité de sa politique au Sahel ou ailleurs.

Guinée : Mohamed Béavogui nommé Premier Ministre Chef du Gouvernement & Amara Camara, Ministre Secrétaire Général à la Présidence : «je reste très engagé…»

Guinée : Mohamed Béavogui nommé Premier Ministre Chef du Gouvernement A travers un décret lu à la Télévision nationale ce Mercredi 06 octobre 2021, le président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, a nommé Mohamed Béavogui à la tête de la Primature. 

Ce diplomate de carrière est né à Porédaka, son père Koma Béavogui, ancien diplomate et sa mère feue Hadja Laila est la sœur aînée feu Diallo Telli. Mohamed a fait l’école primaire à Coléah 3 puis le secondaire au CER (Centre d’Enseignment Révolutionnaire) (actuel lycée Donka) avant d’être orienté à l’Institut Polytechnique Gamal Abdel Nasser en 1972.

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 Quelques heures seulement après sa nomination au poste de Ministre Secrétaire général à la présidence de la République, ce mercredi 06 octobre 2021, Amara Camara s’est exprimé. Perçu jusque-là comme le porte-parole du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), ce Colonel a avant tout remercié le président de la transition pour la confiance placée en lui. Par ailleurs, il se dit déterminé à accompagner le Col. Doumbouya dans sa mission.

«Je veux à ces instants rendre grâce à Dieu, pour la santé et également remercier le président Colonel Mamadi Doumbouya pour sa confiance pour appartenir à l’équipe de filles et de fils du pays qui vont mener cette mission de transition. Je reste très engagé et très déterminé à mettre toute ma volonté et mon énergie à l’aider pour combler les aspirations légitimes du peuple de Guinée»

 

Source et Mis en ligne par Mamadou Oury Diallo 6 octobre 2021 à 20:35

Les Etats-Unis ont appelé lundi 4 octobre le chef de la junte au pouvoir en Guinée à établir un calendrier électoral, après sa prestation de serment vendredi comme président par intérim.

Le colonel Mamady Doumbouya avait lors de la cérémonie juré de «consolider les acquis démocratiques» après avoir assuré que la junte rendrait le pouvoir aux civils après des élections organisées à la fin d’une période de transition, dont la durée n’a jamais été précisée depuis le coup d’Etat du 5 septembre.

«Les Etats-Unis appellent la junte militaire en Guinée à nommer un civil à la tête du gouvernement de transition et à s’engager sur un calendrier pour des élections libres et équitables et un retour du pays à la loi civile, la démocratie et l’ordre constitutionnel», a déclaré une porte-parole du département d’Etat. La population civile, dont les dirigeants de l’opposition, les femmes et les groupes marginalisés devront avoir «un rôle central» dans cette transition, a-t-elle ajouté. Le coup d’Etat a été condamné par une bonne partie de la communauté internationale.

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), inquiète de l’instabilité et d’un effet de contagion, a réclamé des élections présidentielle et législatives sous six mois et la libération du président déchu Alpha Condé. A la tête des forces spéciales guinéennes, le colonel Doumbouya a conduit le troisième putsch en un an en Afrique de l’Ouest en renversant Alpha Condé, 83 ans, réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé.

Les forces spéciales disaient vouloir mettre fin à «la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique» dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le coup d’Etat a fait un nombre indéterminé de vies humaines, les médias faisant état d’une dizaine à une vingtaine de morts.

Source / Le Figaro avec AFP

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